vendredi 23 février 2018

« Une fois qu'on a passé les bornes, il n'y a plus de limites » : tour du monde des stupidités du moment (Art.512)


Jusqu'où peut bien aller la stupidité humaine? Très loin sans doute car selon le principe du journaliste, écrivain et humoriste français, Alphonse Allais, « une fois qu'on a passé les bornes, il n'y a plus de limites ». Tour du monde des stupidités du moment en six escales. Nous irons en Russie, aux Etats-Unis, au Japon, en France et au Liban.


Pense-bête de Donald Trump après la tuerie de Floride. Photo: Carolyn Kaster, AP, Sipa (21 fév. 2018)

• Palme d'or de la stupidité à Vladimir Poutine pour l'ensemble de son œuvre : une Russie et une Syrie mises sous vide


Le président russe s'apprête à proroger le mandat qu'il a commencé en 1999 jusqu'en 2024 et à consolider un pouvoir obtenu via le jeu des chaises politiques et la formalité des élections. Sur le plan interne, il a réussi à mettre la Russie sous vide. Pour empêcher l'émergence de nouvelles têtes, il applique une méthode connue de tous les amateurs d'asperges, el-halyounn en arabe. Avant même que la jeune pointe ne voit le jour, il faut l'arracher de la terre. Sur le plan externe, il a sauvé la tête de Bachar el-Assad pour un moment, grâce au blocage d'une petite dizaine de résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et l'implication massive des troupes russes à ses côtés. Il lui a permis de gagner beaucoup de batailles hélas, mais pas la guerre heureusement, au prix d'innombrables crimes de guerre et crimes contre l'humanité. La Syrie aussi est actuellement sous vide.

Parmi les cailloux rebelles toujours coincés dans les bottes du régime, il y a le plus gros, celui de la Ghouta, dans la banlieue de Damas. Cette région fut le théâtre d'un massacre chimique odieux au gaz sarin, mené par les troupes d'Assad le 23 août 2013, qui a couté la vie à 1 429 personnes dont 426 enfants, morts en un clin d'oeil, paralysés et asphyxiés. Depuis plusieurs semaines, la région subit un déluge de fer et de feu, jour et nuit, qui ont fait des centaines de morts, dont des dizaines d'enfants. Nul ne peut mieux imaginer la barbarie d'Assad fils, autant que les Libanais, qui ont survécu à celle d'Assad père. Achrafieh (Beyrouth-Est), Zahlé, Bhamdoun et Tripoli peuvent en témoigner.

Le vote d'une résolution instaurant une trêve humanitaire de 30 jours en Syrie a été reporté, encore une fois à cause des conditions posées par la Russie. Et c'est bien ce moment que le général Vladimir Chamanov, chef du comité parlementaire russe chargé de la défense, a choisi pour annoncer urbi et orbi : « En aidant notre peuple frère syrien, nous avons testé plus de 200 nouveaux types d'armes... Cela a montré au monde entier l'efficacité des armes russes ». Mais aussi, l'incroyable irresponsabilité et la cruauté de la Russie. Sans l'obstination de Poutine, la Syrie ne serait pas dans une telle désolation désespérante, avec tout ce que cela implique pour le Liban et le reste du monde. La Russie s'est imposée sur l'échiquier du Moyen-Orient, mais à quel prix ?

• Palme d'argent de la stupidité aux Américains pro-armes : ils croient que les anti-armes sont des acteurs


Et dire que des Américains ont le culot d'insinuer que leurs jeunes compatriotes qui ont vécu et survécu à la tuerie de Parkland en Floride -une des pires de l'histoire des Etats-Unis, qui a fait 17 morts- et qui apparaissent devant les caméras nationales pour oser bizarrement réclamer une réglementation plus stricte concernant les armes à feu, et non l'interdiction pure et simple, sont tout simplement des acteurs de crise.

« Les cons ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît ». La réplique de Lino Ventura se vérifie aussi de l'autre côté de l'Atlantique. L'extrême droite américaine se régale de ces fake news et on trouve même un Trump Junior pour approuver le brouillage des esprits qui sous-entend que le FBI est impliqué dans la manipulation des témoins ! C'est la dernière de ces stupides théories du complot qui circulent à une vitesse gravitationnelle vertigineuse dans des têtes bien prédisposées à cela.

• Palme de bronze de la stupidité à un jeune milliardaire japonais : père de 13 enfants obtenus via des mères-porteuses et dans un but électoral


Il a 28 ans et déjà père de 13 enfants obtenus via des mères porteuses en Thaïland et au Cambodge, pour la modique somme de 10 000 € chacun. Quatre ans de batailles juridiques et le voilà déclaré officiellement le "seul parent" des 13 mômes. Oublions le débat éthique, mais pourquoi 13 ? On commande 2, 3 ou 4.

Et bien, figurez-vous c'est parce que le fils à papa se lance en politique. Et alors? Alors, ce sont autant d'électeurs dans la poche! Vrai de vrai, c'est ce que Mitsutoki Shigeta a déclaré au tribunal thaïlandais. Le comble c'est qu'il a obtenu gain de cause. Comme quoi l'argent permet d'atteindre ses objectifs et rend parfois plus heureux, mais surement pas plus intelligent!

Enfin, la Thaïlande ainsi que le Cambodge ont légiféré pour interdire cette pratique abjecte. Eh oui, ce ne sont pas les New-Yorkaises de Tribeca, les Parisiennes de Saint-Germain-des-Prés ou les Beyrouthines d'Achrafieh qui mettront leurs ventres en location aux couples les plus démunis.

• Palme de bois de cèdre de la stupidité revient naturellement à ces Libanais : démocrates et néoféodaux à la fois


Nous sommes parmi les populations les plus attachées à la « démocratie représentative » au monde ! C'est ce qui ressort d'une récente étude internationale à laquelle j'ai consacré mon dernier article. Certes, on ne donne pas l'air de l'être, mais tel est le cas en théorie. Jusqu'à 55% des Libanais estime que cette forme de gouvernance du pays par des élus est « très bonne ». De ce fait, nous sommes 5e au monde, juste derrière les Suédois, les Américains ne sont qu'à 48%, les Anglais à 43% et les Français à 23% seulement. Mais alors pourquoi diable l'état de la démocratie est-elle aussi mal-en-point au pays du Cèdre ?

Pour d'innombrables raisons sans doute, qui dépendent des citoyens comme des dirigeants, évoquées dans l'article en question. Toujours est-il que beaucoup de Libanais ont quand même comme une vague impression que malgré les préparatifs en cours, plus l'échéance démocratique approche, plus les chances que les élections législatives aient lieu à temps diminuent. Depuis le début de l'année on parle d'un printemps chaud au Moyen-Orient, d'un regain de tension entre le Liban et Israël (concernant les frontières terrestre et maritime), d'une volonté israélienne d'attaquer brutalement le Liban, d'un changement radical dans le rapport de force avec Israël (depuis qu'un avion de chasse israélien F16 a été abattu par le régime syrien en Syrie le 10 février ; non mais, difficile de faire plus bidon!), d'un non-changement radical dans le rapport de force en Syrie (même si un avion de chasse russe Su25 a été abattu par des rebelles syriens le 3 février ; pour l'israélien, si, mais pour le russe, non!), de projets terroristes visant la sécurité intérieure au Liban, de la mainmise du Hezb et de ses alliés sur le nouveau Parlement libanais (c'est ce qu'on appelle le conditionnement par la propagande!), etc.

Il est difficile de spéculer sur l'avenir en Orient, mais une chose est sûre et certaine, la tentation des forces politiques au Liban est grande, de reporter le jugement d'un peuple en colère, à juste titre, et qui râle sans cesse, à juste raison, qui n'a ni eau ni électricité, et qui bizarrement, quand il a la chance d'exprimer son attachement à la démocratie représentative, accourt aux urnes pour voter pour les mêmes, les dinosaures de la politique libanaise. On dirait que certains Libanais sont démocrates et néoféodaux à la fois! Sacrés Libanais, comprenne qui pourra.

• Palme de formica de la stupidité à Laurent Wauquiez pour son "bullshit médiatique" comme il dit et aux futurs managers de la Business School qui l'écoutaient sans sourciller


Férmailleka dit à la libanaise et prononcé à l'américaine. Il ne mérite pas du bois massif. Il a toujours été fier de son franc-parler. Et pour prouver qu'il fait partie de cette nouvelle génération de leaders, le 15 février dernier, il a décidé de servir à son auditoire privé autre chose que « le bullshit que je peux sortir sur un plateau médiatique ». Eh bien, pour le franc-parler, chapeau, il avoue quand même que ce qu'il a toujours dit dans les médias, c'est de « la merde ». Pas très malin pour quelqu'un qui est censé être brillant : lycée Louis-le-Grand, prépa à Henri IV, Normal Sup (14e au concours d'entrée), Panthéon-Sorbonne (études d'histoire ; 1er à l'agrégation d'histoire), Sciences Po, DEA de droit public, ENA (major de sa promo), puis député, maire, secrétaire d'Etat et ministre !

Alors qu'il est fraichement élu, le chef du parti Les Républicains a dit des vacheries sur tout le monde devant les étudiants d'une école de management à Lyon où il donnait un soi-disant cours magistral, non ce n'est pas du sarcasme!, tout en les prévenant qu'il ne faut pas le filmer, les enregistrer et tout diffuser sur les réseaux sociaux. Non mais, à l'époque du smartphone, ce n'est pas très intelligent ! Les députés d'En Marche seraient des « guignols » car la majorité suit l'exécutif (comme c'est bizarre!), il y a « une dictature totale en France » (notez bien ce "totale"!), il n'a « aucun doute » que Macron est derrière la chute de Fillon (il a sans doute raté le documentaire "Qui a tué François Fillon?" ; mais c'est FF lui même, parole de son plus vieil ami!), Alain Juppé a totalement « cramé la caisse » à Bordeaux et « Sarkozy contrôlait les téléphones portables » des ministres. Et encore, ce n'est pas toute la stupidité débitée aux futurs managers, Laurent Wauquiez a gâté les étudiants avec ces analyses internationales.

Sur la question de savoir si « Angela Merkel incarne le pouvoir », l'homme qui pense à l'Elysée pas seulement en se rasant le matin répond, « un peu moins ces temps-ci, mais oui ! » Comme la réponse n'est pas digne d'un prof de cours magistral, il rajoute : « Vous avez déjà regardé son compte Instagram ? Croyez-moi pour y trouver du charisme, il faut vraiment se lever de bonne heure. » Quelle perspicacité redoutable ! L'Allemagne a enregistré un excédent budgétaire record en 2017, près de 39 milliards d'euros, alors que la France a présenté un déficit budgétaire record, 68 milliards d'euros ! En gros, pendant que Wauquiez et les valeureux futurs managers de Lyon cherchent le charisme de Merkel sur Instagram, les Allemands renflouent les caisses à fond la caisse !

Et dire qu'il aurait pu arrêter les dégâts là, non, il en a remis une couche. « Regardez comme c'est sympa. Il n'a pas l'air gentil, le Justin (Trudeau, le Premier ministre canadien) ? » Et il rit de bon cœur. « Son objectif, c'est, je suis à fond dans tout, tout est nickel, tout ripoliné, il n'y a pas un cheveu qui dépasse, je suis le mec cool, gentil, complètement dans le mainstream du média. » Rira bien qui rira le dernier !

Enfin, plan de com' a cinq cents et des propos qui ne cassent pas trois pattes à un canard. Seulement voilà, ça marche, les médias de France et de Navarre ont passé la semaine sur ces révélations nases de Quotidien, l'émission de Yann Barthès sur TMC. Ayant suivi les deux polémiques, je peux vous assurer celle-ci est d'un niveau pire que celle de Bassil-Berri! Pour se défendre, l'homme à la doudoune rouge n'hésite pas à parler de « méthodes de voyous », de « manipulation » et qu'il est tombé dans une « embuscade », alors que tout ce que la chaine française a fait, c'était de diffuser ses propos stupides, qui prouvent son immaturité politique!

Si l'enfer est pavé de bonnes intentions, la route de l'Elysée est pavée de belles conneries. Et ce n'est que le début, 2022 c'est dans quatre ans. Donc, on n'en a pas fini, surtout avec ceux qui sont complexés par Emmanuel Macron! Soi-disant, « pour faire cool, (Macron) fait comme moi, il se met en chemise, en bras de chemise, il n'est pas le seul! » Hehehe, c'est c'là Laurent, tout le monde te copie, tu es un modèle pour tout le monde! Wauquiez essaie de faire du Trump, sauf que n'est pas Trump qui veut. Pas de doute le marcheur en chef est né sous une bonne étoile! La droite n'a qu'à s'en prendre à elle-même. Dommage, j'aimais bien Laurent Wauquiez, du sang neuf, toujours de bonne humeur et il parle arabe.

• Palme de polystyrène de la stupidité à Donald Trump, mon dada, pour son pense-bête ↑ 😊


Polystyrène oui, lui aussi il ne mérite guère plus. Il est entré dans le classement pour avoir tenu gentiment, stupidement même!, une fiche devant les caméras, lors d'une rencontre avec des rescapés de la tuerie de Floride. Cinq choses à dire pour démontrer qu'il est touché par ce drame et qu'il réagira à cet acte barbare. Et pour bien montrer qu'il est à l'écoute, le 5e point rappelle explicitement au bouffon de la Maison Blanche qu'il doit prononcer la phrase clé : « I hear you ».

Au cours de cette rencontre, Donald Trump a envisagé étudier la possibilité d'armer les enseignants. Essayer d'imaginer les profs en train d'écrire sur le tableau, avec un revolver sous la ceinture, wel fared 3a khasroun. Non mais il n'y a pas de doute, le président américain aurait dû s'en tenir à son pense-bête, ce n'est point un hasard si on appelle ainsi la note contenant ce qu'on a à dire et à faire, surtout pour ne pas apparaître bête.

mercredi 14 février 2018

De la relaxe du « logeur de Daech » au procès du « Tribunal Spécial pour le Liban », en passant par le film « L'Insulte » : une même leçon de droit (Art.510)


Avec 100 avocats à la barre et 700 parties civils impliqués, ce premier jugement rendu cet après-midi à Paris, en rapport avec les attaques terroristes du 13-Novembre (2015), fera certainement beaucoup de mécontents qui feront certainement couler beaucoup d'encre. 


Jawad Bendaoud, le "logeur de Daech"


Dans le box des accusés, il y avait Jawad Bendaoud, un Franco-Marocain, personnage tragicomique connu du grand public comme étant le « logeur de Daech », d'Abdelhamid Abaaoud précisément, l'homme considéré comme étant le coordinateur des attaques terroristes (un Belgo-Marocain, ayant mené les attaques des terrasses parisiennes), et de Chakib Akrouh (un Belgo-Marocain, un des terroristes qui ont participé aux attaques des terrasses), les deux ont été tués à Saint-Denis au cours de l'assaut d'une unité d'élite de la police française à l'aube du 18 novembre 2015.


Il avait tout contre lui. D'abord, le contexte tragique et ses dizaines de morts (130 personnes) et ses centaines de blessés, ainsi que ses milliers de personnes traumatisées et ses millions de gens choqués de par le monde. Ensuite, le casier judiciaire bien chargé. Enfin, la grave accusation, d'avoir mis « son » logement à la disposition des terroristes. Et pourtant, il est libre ce soir.

Le ministère public voulait l'emprisonner pour quatre ans, sauf que pour la présidente de la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris « il n'est pas prouvé que Jawad Bendaoud a fourni un hébergement à des terroristes (…) afin de les soustraire aux recherches (policières) ». N'importe quoi diront les sceptiques, notamment d'extrême droite, comme ceux de Bloc identitaire. Ils ne manqueront pas de broder une nouvelle théorie du complot pour habiller Isabelle Prévost-Desprez pour l'hiver et disserter sur le laxisme des autorités françaises face au terrorisme islamiste. Ils rejoindront le camp d'extrême islamiste, qui brode depuis plus deux ans et sous-entend que les attaques terroristes en France sont les oeuvres perverses des services de renseignement français. Une théorie du complot qui a couté sa place à une ravissante jeune chanteuse française d'origine syrienne, Mennel Ibtissem, candidate à The Voice / TF1, contrainte de démissionner après la révélation d'anciens écrits controversés publiés après les attaques terroristes de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray. Avant que les deux camps ne se penchent sur leur sale besogne, ils devront se souvenir comment la France a fait connaissance du Jawad, un 18 novembre 2015, où il s'est fait interviewer fièrement par BFM-TV et l'AFP, expliquant calmement que l'assaut des policiers d'élite du RAID concernait « son » logement, qui n'était d'ailleurs pas le sien, mais celui de trois frères, des marchands de sommeil pour lesquels il travaillait.

Deux autres hommes étaient poursuivis à Paris. Mohamed Soumah, l'homme qui a joué l'intermédiaire entre Hasna Aït Boulahcen, la femme qui a cherché une planque aux terroristes (cousine du terroriste en chef, morte durant l'assaut du RAID à Saint-Denis), et Jawad Bendaoud. Il écope de cinq ans d'emprisonnement. Il y a aussi Youssef Aït Boulahcen (frère d’Hasna Aït Boulahcen). Il en a pour quatre ans.

La justice s'est prononcée. Le parquet fera appel. L'affaire n'est pas classée mais l'homme est libre. Certains trouveront la relaxe de Jawad Bendaoud révoltante, et d'autres considéreront les condamnations de Mohamed Soumah et Youssef Aït Boulahcen insuffisantes. Peut-être bien, mais c'est la loi. Et la loi ne peut pas être arbitraire, ni à la tête du client, ni soumise à aucune influence. Ce n'est pas l'émotion du moment et la présomption de culpabilité qui dictent le jugement, mais c'est la loi et les éléments de preuve. Ce sont ces principes qui régissent l'état de droit dans un Etat de droit. La France vient de donner une leçon magistrale en la matière au monde entier. Vaincre le terrorisme passe aussi par cela.

Et déjà le 13e anniversaire de l'assassinat de Rafic Hariri


Hasard du calendrier, nous commémorons aujourd'hui au Liban le 13e anniversaire de l'attentat qui a couté la vie à l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, et à 21 autres personnes. Le procès est en cours devant le Tribunal Spécial pour le Liban à La Haye. Cinq membres du Hezbollah sont poursuivis dans l'attaque terroriste du 14 février 2005 par cette haute instance judiciaire créée par le Conseil de sécurité de l'ONU pour cette occasion. Ils sont en fuite et ont été élevés au rang de « saints » par le chef du Hezb, Hassan Nasrallah. Cela étant dit, tout le monde a sa petite idée sur la question. Les partisans du Hezbollah accusent Israël, et les autres, le trio infernal, la milice chiite libanaise, le régime syrien et le régime des mollahs.

Mais là aussi, à La Haye comme à Paris, il n'est question que du droit international, des lois libanaises et des éléments de preuve. Personne n'est dupe, ni Ariel Sharon (Premier ministre israélien de l'époque et mort depuis), ni Hassan Nasrallah, ni Bachar el-Assad, ni Ali Khamenei, ne sera inquiété, ni de près ni de loin par cet assassinat politique. On peut le regretter, mais c'est la règle du jeu. Après avoir épuisé les recours judiciaires, il faut savoir accepter le verdict de tout procès équitable tel qu'il soit. C'est l'autre élément fondamental d'un état de droit dans un pays démocratique. Tenez, c'est d'ailleurs la chute du film de Ziad Doueiri, L'Insulte, récemment nommé aux Oscars. Après s'être battus pour obtenir réparation, les protagonistes Toni Hanna et Yasser Salameh accueilleront le verdict avec sérénité, enfin, avec résignation au moins.