mercredi 13 juillet 2011

Borderline ! (Art.23)


En buvant mon café ce matin, je me suis souvenu de cette anecdote.

Il y a quelques temps, on m'a chargé de trouver le meilleur moyen de répondre à une personne qui était très active sur Facebook et qui n'arrêtait pas d'insulter un grand leader politique avec des articles bas de gamme à profusion.

Après plusieurs jours d'enquête j'ai découvert qu'il s'agissait d'un avocat frustré, aussi bien au niveau professionnel que personnel, aigri par la vie, à qui Mark Zuckerberg a offert la possibilité de nuire, donc d'exister.

J'ai rendu un rapport préconisant d'ignorer la personne car non seulement ses écrits étaient d'une grande vulgarité, donc pas pris au sérieux et d'une faible portée, donc pas la peine de s'y attarder, mais en plus étant une personnalité borderline, la moindre attention officielle à son égard alimenterait son hystérie.

Toute allusion à des événements récents n'est absolument pas fortuite!

dimanche 10 juillet 2011

La fièvre du samedi soir au Pier 7 (Art.22)


Certes je savais à quoi je m'attendais. Un endroit qui se considère comme un "rooftop" alors qu'il n'est en réalité qu'un "floortop" aurait du me rendre méfiant! Ce n'est pas que je sois un fan des rooftops, loin de là! Mais finalement je me suis dit oublions ce petit détail et faisons confiance à Alfred de Musset, qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse! Et l'ivresse ce n'est pas l'alcool qui allait me la procurer, c'est une chanson, une seule… Where the streets have no name! Au milieu d'une soirée animée par une musique assourdissante livrée par un DJ inconnu, devait intervenir un groupe en live, aussi inconnu que le DJ pour le public, et chanter uniquement cette chanson mythique de U2. Bono avait écrit ses paroles lors d'un voyage humanitaire en Ethiopie en 1985. C'est une de mes chansons préférées, une chanson de grands espaces, qui abolit les frontières, surtout celles à l'intérieur!

A l'entrée du bâtiment, un chassé-croisé d'invités qui doivent montrer patte blanche pour ceux qui arrivent. On sent la crainte sur les visages, que leurs noms ne figurent pas sur les listes alors qu'ils ont réservé leur place à ce qu'il parait des mois à l'avance. C'est la rumeur qui le dit. Au passage,ce n'est pas la peine d'appeler on vous répondra que c'est complet pour toute la saison 2011, même si ce n'est absolument pas le cas! Une autre rumeur le dit également. Peut être que tout cela fait partie du plan com pour ce genre de lieu! Il y a aussi l'agitation des valets parking, avec une confusion telle que n'importe qui peut repartir avec n'importe quelle compagnie dans n'importe quelle voiture! Enfin, presque! Je suis rentré par les coulisses à quelques minutes du live show.

Nonobstant des odeurs de la colline de détritus à gauche et des égouts de Nahr El-Mott à droite, l'alcool coulait à flot. La Vodka étant la reine de la soirée. Je me suis souvenu de ce T-shirt que portait la veille un jeune d'Achrafieh où il était inscrit "Wine is fine, but liquor is quicker"! Je n'adhère pas à cette école de pensée mais j'ai trouvé la phrase excellente! Je ne pensais pas l'utiliser aussi rapidement.

Les artistes se sont donnés à fond, ils étaient en communion avec le groupe irlandais qui se produisait au même moment à l'hippodrome de Montréal. En dépit de cela, personne n'a décollé du sol à part les artistes eux-mêmes! Le public regardait avec intérêt, mais n'osait pas se relâcher complètement. C'est tout un art de paraître un(e) blasé(e) de la vie au Liban!

Le ridicule qui tue -il y en a eu beaucoup, mais les autres ne tuaient pas- c'était ces faux acrobates qui sont remontés des entrailles de la scène, accrochés par des draps à des poulies coulissantes, portant des magnums ou des mathusalems encore plus ridicules qu'eux. Le manipulateur du chantier les fait passer au dessus du public, les fait avancer vers les destinataires de la bouteille et lâche les câbles. Une hôtesse encore plus ridicule que la bouteille elle-même, récupère le précieux produit, allume des torches encore plus ridicules que cette potiche d'hôtesse, pour se frayer un chemin dans un public médusé et envieux, et aller poser ses magnums et ses mathusalems sur la table d'un personnage encore plus ridicule que l'acrobate, la bouteille, l'hôtesse et la torche réunis! J'ai adoré!

Pourquoi rapporter cette expérience? Parce que j'ai trouvé l'aventure intéressante. Faut-il envisager une action politique? Sûrement pas, la liberté est sacrée. Personne ne m'a obligé à m'y rendre et personne n'empêchait les gens de s'y rendre non plus. Je me suis souvenu de la tentative d'interdire la vente d'alcool à Nabatiyé et je me suis posé la question à savoir si nous étions dans une société dominée par le Hezbollah, où le parti de Dieu avait les mains libres comme dans la République islamique d'Iran, est-ce que de tels lieux continueraient à exister? Certainement pas. Est-ce que ça serait une grande perte pour l'humanité? Sans doute pas, mais cela constituerait une grave atteinte aux libertés fondamentales! Ce n'est pas à l'ordre du jour du gouvernement Mikati, mais c'est dans l'inconscient du Hezbollah qui contrôle l'exécutif libanais. Enfin, il ne faut pas oublier que le régime iranien, qui reste le modèle concret pour le Hezbollah, ne tolère pas ce genre d'endroits!

Nous sommes repartis 15 minutes après l'arrivée sur la route du littoral, en sens interdit à l'heure qu'il était -on s'est rendus compte au milieu du chemin- car nos braves daraks étaient plus préoccupés par foutre des amendes à des automobilistes BGBP, bons genres bons payeurs, garés au bord de la route mais qui ne gênaient personne, au lieu d'être en amont à faire respecter le sens du passage.

Bienvenue au Liban!